Title Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx: Contribution de Cheikh Anta Diop a l'historiographie mondiale (French Edition) Author: Theophile Obenga; Format/binding: Paperback; Book condition: Good; Quantity available: 1; Binding: Paperback; ISBN 10: 2708706047; ISBN 13: 9782708706040; Publisher: Khepera; Date published: 1996-01-01; Unedescription similaire a été donnée dans le "livre bien connu" de Vivant Denon, où il a décrit le sphinx comme "le personnage est africain; mais la bouche, dont les lèvres sont épaisses". À la suite de Volney, Denon et d'autres écrivains de la première heure, de nombreux érudits afrocentriques, tels que Du Bois, Diop et Asante, ont qualifié le visage Nationsnègres et culture: De l'antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique Noire d'aujourd'hui. by Cheikh-Anta Diop Paperback . €15.14. In stock. . In stock. . Nations nègres et culture : De l`antiquite nègre egyptienne aux problèmes culturels de l`Afrique Noire d`aujourd`hui nih kita kepo January 30, 2020 Lis Nations nègres et culture 16- Cheikh Anta-Diop, Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et des langues négro-africaines, éd IFAN-NEA, Dakar, 1977, 400p. 17 - OUM Ndigi, Le basaà, l’égyptien pharaonique et le copte, ANKH n° 2, Paris, 1993, pp 85-123. 18 - Gilbret Ngom, " Parenté génétique entre l’Egyptien pharaonique et les langues négro-africaines CheikhAnta Diop, l'auteur de Nations nègres et culture et de Civilisation ou barbarie, a rendu à l'Afrique noire entière son passé, sa mémoire collective, sa présence formelle et active dans les différentes étapes de l'histoire universelle. Pour l'Afrique noire, assumer politiquement et culturellement son oeuvre, c'est entrer, debout, avec espoir, dans le Vay Nhanh Fast Money. C’était la tâche de l’enseignement colonial de véhiculer cette vision européenne de l’histoire de l’Afrique. Mais entre 1946 et 1954, Cheikh Anta Diop va opérer la rupture épistémologique et philosophique »1 et restituer à l'Afrique et à l’humanité leur véritable histoire. Son audace devient le fondement de l’historiographie africaine contemporaine. Mais depuis a-t- on jamais fait le bilan de la nouvelle écriture de l’histoire dans l’enseignement ? Aussi cette étude tente – elle de répondre aux questions suivantes Qui écrit notre histoire ? Dans quel but déclaré ? Quel est la matière historique abordée ? Le discours historique est- il un discours scientifique ? L’histoire est-elle écrite dans une perspective afrocentrique 2 ? Quel pourrait être l’impact de cet enseignement sur la société ? Quelles seraient les mesures correctrices à prendre ? L’étude cible les manuels scolaires d’histoire des classes des collèges de la Côte d’Ivoire édités par le groupe Hatier International 3 et qui sont utilisés à titre exclusif par l’Education Nationale. Ces livres sont toujours en vigueur, depuis 16 ans pour les plus anciens d’entre eux. L’étude se limite aux périodes de la préhistoire et de l’histoire ancienne. La période choisie est décisive car elle présente l’intérêt d’évaluer la place accordée à l’Afrique dans la genèse de l’humanité et le rôle inaugural que ce continent a joué dans l’élaboration de la civilisation. Ainsi le plan de l’étude se présente en trois parties - La première partie examine les questions ; qui écrit l’histoire ? et pourquoi ? - La deuxième partie relative à la critique historique présente chronologiquement les faits et les faits passés sous silence tout en évaluant leur impact sur le discours. - La troisième partie dégage de ce qui précède les principes directeurs qui guident cette écriture de l’histoire. Tout au long de cette enquête », il y a l’intention avouée de traquer », de démanteler, de déconstruire » la falsification dans l’histoire. Le but est de veiller à la transmission de la vérité historique aux jeunes générations pour que soit préservé le patrimoine intellectuel de l’humanité. 1 Obenga Théophile, Cheikh Anta Diop, Volney et le sphinx ; Contribution de Cheikh Anta Diop à l'historiographie mondiale, Paris, Khepera, Présence Africaine, 1996, page 27 à 32. 2 Molefe Kete Asante, l’afrocentricité, traduction Ama Mazama, Paris, Editions Menaibuc, 2003, page 18. 3 Une équipe d’enseignants africains, Histoire Géographie, 6ème, Paris, CEDA/ Hatier international, 2001. Sophie Lecallennec coordination, une équipe d’enseignants africains, Histoire Géographie, 5ème, Paris, CEDA/ Hatier international, 1998. Une équipe d’enseignants africains, Histoire 1 - LES AUTEURS ET LEURS MOTIVATIONS AVOUÉES Le chercheur français Henri – Irénée Marrou qui a réfléchi à la question de la subjectivité et de l’honnêteté de l’historien recommande ceci Que l’historien se présente lui-même, définisse sa propre orientation de pensée, explicite ses postulats »4 . Or les manuels qui font l’objet de notre étude, sont signés par une équipe d’enseignants africains ». Qui sont ces enseignants anonymes ? Nous n’avons aucune information sur leur identité, encore moins sur leurs compétences. Le volet histoire 5 de chaque manuel est réalisé sous la coordination » de Sophie le Callennec. Or Sophie le Callennec n’est pas africaine. Elle est française et par ailleurs elle est l’auteure de manuels d’histoire actuellement en usage dans l’enseignement français pour le même groupe d’édition français, Hatier. A ce propos voici la position de l’historien Joseph Ki – Zerbo. … la confection des manuels d’histoire de l’Afrique à l’usage des jeunes citoyens africains, doit incomber avant tout à des historiens africains ! Ceux – ci ont vocation pour éduquer leurs concitoyens » 6 Aussi nous sommes autorisés à penser que par le biais d’une société d’édition privée et d’une historienne française, l’ancienne puissance coloniale contrôle la production de l’histoire scolaire en Côte d’Ivoire. La suspicion est d’autant plus grande que les auteurs manquent à leur devoir en taisant leur intention historique ». Ils ne définissent pas leur orientation de pensée » et n’explicitent pas leurs postulats ». On ne sait pas le but qu’ils recherchent. Or ceci est une faiblesse pédagogique, méthodologique et éthique impardonnable. Pourquoi taire l’ intention historique » ? Que veut – on cacher ? Pourquoi ? Mais n’allons pas trop vite en besogne, restons comme nous le recommande Cheick Anta Diop sur la voie sûre de la science. Examinons au préalable le contenu du discours. Géographie, 4ème, Paris, CEDA/ Hatier international, 2002. Une équipe d’enseignants africains Histoire Géographie, 3ème, Paris, CEDA/ Hatier international, 1999. 4 Henri – Irénée Marrou cité par Obenga Théophile, Cheikh Anta Diop, Volney et le sphinx ; Contribution de Cheikh Anta Diop à l'historiographie mondiale, Paris, Khepera, Présence Africaine, 1996 5 Les manuels sont des manuels d’histoire et géographie. 6 Joseph Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique noire d'hier à aujourd'hui, Paris Hatier, 1978, page 29 2 – LA CRITIQUE DES FAITS 21 - La préhistoire et le paléolithique 1 L’Afrique est le berceau de l’humanité. La chaine complète de l’évolution humaine se trouve en Afrique. L’espèce humaine a une origine commune venue de l’Afrique de l’Est tant au niveau de l’homo erectus, du Néandertalien, et de l’homo sapiens sapiens. Ce processus évolutif et adaptatif de l’homme à partir de la terre d’Afrique est pratiquement ignoré dans les manuels. Aussi le mode de vie des envahisseurs homo sapiens africains en Europe et en Asie est tu. Les auteurs africains de l’art aurignacien aux magnifiques sculptures ne sont pas connus. 2 La naissance de l’homme moderne en Afrique y est encore considérée sous forme très hypothétique. Or l’apparition de l’homo sapiens sapiens ou homme moderne en Afrique est un fait vérifiable depuis la découverte en 1967 par le paléontologue Louis Leakey de deux crânes fossiles Omo 1 et Omo 2. La nouvelle datation faite en 2006 donne 195 000 ans plus ou moins 5 000 ans avant l’ère chrétienne. 3 Le paléolithique et l’art sont nés en Afrique et non en Europe comme le laisse entendre les auteurs. Les dernières découvertes faites en 1991 par Henshilwood à partir des pierres gravées et des coquillages ayant servi de bracelets et de colliers trouvés dans la grotte Blombos en RSA montrent que l’art graphique et la pensée symbolique sont apparus depuis bien longtemps en Afrique, vers 77 000 ans avant l’ère chrétienne. Alors qu’en Europe les auteurs confirment 35 000 ans avant l’ère chrétienne. 22 - La préhistoire et le néolithique 4 Le néolithique apparait très tôt en Afrique dans les sociétés pratiquant le mode de vie sur la base de graminées sauvages. Deux inventions au moins du néolithique africain sont incontestablement les plus anciennes du monde la céramique et l’élevage. Ces réalisations sont ignorées des manuels. Tout au contraire, les auteurs affirment que c’est l’Asie occidentale qui a vécu les premières transformations 7. L’élevage. Les études d'A. Close et F. Windorf en 1990 8 attestent de la domestication des bovins dans le courant du 9 è millénaire avant l’ère chrétienne en Basse-Nubie sites de Nabta Playa et de Kir Kiseiba, soit plus de 1000 ans avant la Grèce ou le Proche – Orient. La céramique. Son ancienneté en Afrique est scientifiquement attestée par l’historiographie contrairement à ce que disent les auteurs de manuels 9 Il y a la céramique trouvée dans la grotte de Gamble Elmenteira, à l'est du lac Victoria Nyanza datée du 7 è millénaire avant l’ère chrétienne 10. Il y a celle du Sahara au sujet de laquelle J. Desange affirme que De l’Ennidi au Hoggar, les débuts de la céramique peuvent être fixés au 8ème millénaire. 11». L’archéologue Eric Huysecom, auteur d’une théorie sur l’existence d’un néolithique africain, révèle que les tessons de céramiques découverts à Ounjougou, au Mali, en 2003 ont été datés du XI millénaire avant l’ère chrétienne 12, soit 2000 ans avant l’apparition de la céramique au Proche-Orient. L’agriculture. La date de son invention est plus ancienne en Afrique que ne le prétendent les manuels 8 ème millénaire avant l’ère chrétienne en Haute – Egypte et environ 1000 ans plus tard dans le Sahara central selon A. Close 13 alors que les manuels n’indiquent pas plus de 3000 ans avant l’ère chrétienne. Par ailleurs, les manuels ne mentionnent pas qu’il existait une pré-agriculture très ancienne. Selon F. Wendorf et R. Schild l’orge était connue en Haute Egypte depuis et y faisait l’objet d’une pré - agriculture vers 12 000/10 000 avant l’ère chrétienne 14 La sédentarisation. Les auteurs passent sous silence la fondation d’une ville sur le site de Nabta playa en Basse Nubie dès le 8 è millénaire avant l’ère chrétienne. Au total c’est à tort que les manuels enseignent que la révolution du néolithique » a eu lieu en Asie Occidentale 15 5 Le plus ancien site d’observation astronomique est attesté à Nabta Playa autour de 4800 avant l’ère chrétienne. Ceci est ignoré par les manuels. A l’inverse, le site mégalithique de Stonehenge Wiltshire en Angleterre daté entre 3000 et 1500 est mis en valeur par une photographie dans la leçon les civilisations du néolithique » 16. 6 L’origine de la civilisation égyptienne n’est ni européenne ni asiatique. Elle est Nubienne. Ce fait est passé sous silence dans les manuels. En 1963-1964, Les fouilles menées par Keith Seele au cimetière de Qostul en Nubie mettent en évidence l’appartenance de ce cimetière au groupe A », c'est-à-dire à une culture nubienne du prédynastique récent. 3500 – 3050. En 1978, Bruce Williams, qui travaillait sur les objets trouvés dans ce cimetière, attire l’attention sur les motifs gravés sur un encensoir cylindrique. Le chercheur y reconnait les symboles de la royauté nubienne avec tous les futurs attributs essentiels de la monarchie égyptienne couronne blanche de la haute Egypte, le Dieu faucon Horus, la façade d’un palais rappelant celle du domaine funéraire de Djoser et des signes hiéroglyphiques annonçant l’écriture. L’archéologue Fred Windorf a mis à jour une ville préhistorique dans la région de Nabta à l’Ouest de Abou Simbel 17 Basse – Nubie ; c’est la plus vieille ville mise à jour dans le monde à ce jour. Ses débuts datent du 8ème millénaire avant l’ère chrétienne. Cette découverte démontre que la Basse Nubie fut le berceau de la civilisation. 7 L’antériorité de la civilisation égyptienne sur celle d’Asie ne faisait aucun doute pour tous les anciens grecs comme Homère, Hérodote, Diodore de Sicile. C’est l’Egypte qui apporte les éléments de la civilisation au monde méditerranéen dès le XVI è siècle avant l’ère chrétienne 18. En effet c’est sous Thoutmès III en particulier que l’Egypte a conquis toute la Méditerranée orientale Crète, Chypre, les Cyclades.. et toute l’Asie Occidentale Khati, pays des hittites, le Mitanni, l’Amourrou, Kadhesh, la Syrie, le pays d’Akkad, la Babylonie. Au total 110 états étrangers furent intégrés à l’empire égyptien 19. La civilisation n’est donc pas née en Asie comme l’affirme sans grande conviction les auteurs des manuels 20 8 L’antériorité historique et culturelle de la Haute – Egypte sur la Basse – Egypte. Cette thèse défendue en 1954 par Cheikh Anta Diop, sur la base des dépositions des anciens grecs comme le témoignage oculaire d’Hérodote 21, sera confirmée par de nombreuses découvertes ultérieures dont celle de Jacques Labeyrie 22 CEA/CNRSD en 1985 qui utilise la science physico-chimiste. Ce dernier prouve ainsi que le delta émerge seulement à partir de 3500 ans avant l’ère chrétienne 23. 9 Il est aujourd’hui établi que la Nubie est la matrice de l’Afrique. C’est le point de départ des premières migrations pour peupler l’Afrique et le monde. C’est aussi le foyer culturel de l’Afrique. Or la Nubie antique prédynastique, Kerma, Koush, Napata, Méroé est totalement absente des manuels. Les fouilles de C. Bonnet montrent que la civilisation de Kerma ignorée par les manuels s’est étendue de 2500 à 1500 années avant l’ère chrétienne 24. 10 Les anciens égyptiens sont africains et nègres. A la célèbre conférence de l’UNESCO au Caire en 1974, deux géants intellectuels africains » Diop et T. Obenga en s’appuyant sur la science, la linguistique, l'anthropologie, et l'histoire ont démontré que les Anciens Égyptiens étaient des Noirs. Ils ont fait usage d'un test relatif à la mélanine sur la peau d'une momie, aux peintures murales des tombes, à la comparaison avec les autres langues africaines, ainsi qu'aux témoignages des Anciens 25. Or les auteurs des manuels ont détaché l’Egypte de l’Afrique. Ils n’enseignent pas aux enfants d’Afrique que la civilisation égyptienne a été l’œuvre de leurs ancêtres. Nous sommes ici au cœur du projet occidental de falsification ; c’est le crime contre l’humanité » que Diop évoque. 7 Une équipe d’enseignants africains, Histoire Géographie, 6ème, Paris, CEDA/ Hatier international, 2001, p 26. 8 F. Wendorf, A. Close, A. Gautier et R. Schild, Les débuts du pastoralisme en Egypte, La Recherche vol. 21 n°220, avril 1990 pp. 436-446. 9 Une équipe d’enseignants africains, Histoire géographie, 6 e. Paris, CEDA, Groupe Hatier internatidinational, 2001. Page 26. 10 Sutton, Chapitre 19, Préhistoire de l'Afrique orientale, Histoire générale de l'Afrique, vol. 1, Paris, Jeune – Afrique/Unesco, 1980, Page 489 - 524. 11 J. Desanges, Chapitre 17, Les protoberbères », Histoire Générale de l’Afrique, vol 2, Jeune Afrique/Unesco, Paris, 1980, pages 455. 12 Éric Huysecom, Un néolithique "très" ancien en Afrique de l'Ouest, Dossier Pour la Science n° 76, Juillet-septembre 2012. Le chercheur écrit Or à Ounjougou, au Mali, en 2003, nous avons découvert des fragments de céramiques dans une strate du début de l'Holocène, la période couvrant les 12 derniers millénaires. Notre étonnement a encore grandi lorsqu'à l'issue des campagnes de fouilles menées entre 2004 et 2006, nous avons obtenu pour ces tessons des datations nous renvoyant plus de 11 500 ans en arrière, soit plus de 2 000 ans avant l'apparition de la céramique au Proche-Orient et plus de 500 ans avant les plus anciens témoins du Sahara et de la vallée du Nil » 13 A. close, Journal of African history, 1984, vol. 25, page 4. 14 Louise – Marie Diop Maes, apport des datations physico – chimiques à la connaissance du passé africain, Ankh 1999/2000, N°8 9, pages 144-169. 15 Une équipe d’enseignants africains, Histoire géographie, 6 e, Paris, CEDA, Groupe Hatier internatidinational, 2001. Page 26. 16 Une équipe d’enseignants africains, Histoire géographie, 6 e. Paris, CEDA, Groupe Hatier internatidinational, 2001. Page 29. 17 Louise Marie Diop-Maes, Afrique Noire Démographie, sol et histoire, Paris, Présence Africaine/Kehepera, 1996, page 21. 18 C’est donc la XVIIIè dynastie égyptienne qui par la colonisation et l’introduction de l’écriture, a sorti de la Protohistoire, la Crète, Chypre, la Grèce continentale ou mycéenne, l’Asie mineure ». Diop Cheick Anta, Civilisation ou barbarie ; anthropologie sans complaisance. Paris, Présence Africaine, 1981, p 128. 19 Ibidem, p. 110 et 119. 20 les villes les plus anciennes ont été retrouvé en Asie Occidentale » Une équipe d’enseignants africains, Histoire géographie, 6 e. Paris, CEDA, Groupe Hatier internatidinational, 2001. Page 28. 21 …toute l’Egypte sauf le nome thébaïque était un marécage, et que rien n’émergeait alors des parties du pays existant maintenant au-dessous plus au nord du lac de Moeris…il est évident…que la région de l’Egypte où les Grecs se rendent en bateau est une terre qui s’ajouta au pays des Egyptiens, un présent du fleuve..»Hérodote, Histoires, Livre II, 4-5, Paris, Société d’édition les belles lettres, 1936, page 68 -69 22 Jacques Labeyrie, l’homme et le climat, Paris, 1985. 23 Obenga Théophile, Cheikh Anta Diop, Volney et le sphinx ; Contribution de Cheikh Anta Diop à l'historiographie mondiale, Paris, Khepera, Présence Africaine, 1996. 24 Louise Marie Maes-Diop, Enseignement de la préhistoire des rectifications qui s’imposent, ANKH, Revue d’Egyptologie et des civilisations Africaines, N°16 Année 2007. Page 233 à 237. 25 Molefe Kete Asante, L'Origine Africaine de la Philosophie Mythe ou Réalité ? Vu sur le site de Afrocentricity le 11/07/201 ; 23 - L'histoire ancienne 11 L’invention du calendrier. Le plus vieux calendrier du monde est attesté dès 4236 av l’ère chrétienne en Egypte. Les égyptiens vont aussi introduire pour la première fois dans l’histoire de l’humanité la notion d’ère avec la chronologie absolue. Ils vont utiliser le nombre de levers héliaques de Sirius pour servir de repère et d’échelle de chronologie absolue. Les manuels ignorent ce fait et ne font point allusion aux anciens calendriers africains dont les vestiges persistent encore dans de nombreuses traditions alors même qu’ils évoquent les calendriers chrétiens et musulmans. 12 L’invention de l’écriture. L’Afrique est le berceau de l’écriture. En 1992, l’égyptologue allemand, G. Dreyer, découvre que l’écriture hiéroglyphique ancienne, gravée sur environ 200 étiquettes » en ivoire trouvées à Abydos remonte au-delà de 3250 avant l’ère chrétienne, vers 3400. C’est la plus ancienne date attestée pour l’écriture dans le monde. Or les auteurs en se contentant d’affirmer que la civilisation égyptienne fut l’une des premières à utiliser une écriture 26» ne rendent pas totalement justice aux anciens égyptiens qui sont les premiers à titre exclusif à utiliser l’écriture. 13 La naissance de l’Etat. L’Etat pharaonique est le premier Etat actuellement connu selon l’égyptologue Bernadette Menu 27. Sa naissance se situe au passage de la dynastie 0 à la 1ère dynastie, c'est-à-dire aux alentours de 3200 – 3100 avant l’ère chrétienne. C’est la monarchie absolue et sacrée instaurée par le Per aa Namer qui succède à la Fédération dirigée par un souverain unique 28. Depuis l’antiquité, l’Etat pharaonique est un modèle pour l’humanité. Il convient aussi d’insister sur le fait que l’Etat égyptien est un Etat au sens moderne du terme ; bureaucratie, centralisation de l’Etat, modèle impérialiste, étendue du territoire, efficacité du système idéologique, égalité des droits des femmes et des hommes, droit public , monnaie, armée nationale, diplomatie, grands travaux, système éducationnel et juridique fondée sur la Maât. Ce fait important est passé sous silence. 14 La religion dans l’antiquité Atoum le créateur, Amon l’invisible, Ptah le forgeron, Aton lumineux, Ra le soleil, le concept de Dieu est attesté pour la première fois en Afrique vers 2800 ans 29 avant l’ère chrétienne. Il apparaît d’emblée en tant que dieu » unique, créateur du ciel, de la terre et des hommes. Le monothéisme est né en Afrique et non en Asie hébreux comme le laisse entrevoir les manuels. La première écriture de l’humanité est sacrée. Elle s’appelle les Mdw Ntr Paroles de Dieu traduit hiéroglyphes » par les grecs. Elle contient tous les premiers concepts religieux qu’on retrouvera plus tard dans les textes sacrés ultérieurs la Thora, la Bible et le Coran ; monothéisme, sauveur, paradis, enfer, jugement dernier, fils de dieu, commandements, prophète, immaculée conception, symbolisme des chiffres, etc. En particulier les anciens égyptiens sont les premiers à avoir créé l’idée de survie de l’âme des défunts au moins dès 3300 avant l’ère chrétienne 30. C’est à Kemet également qu’on a découvert le plus ancien code moral de l’humanité – la Maat - qui date de 2 300 avant l’ère chrétienne 31. Tout ceci n’est pas enseigné dans nos écoles. Et pourtant cette spiritualité est la source des valeurs morales et éthiques, du droit, des rapports sociaux et économiques que partagent encore toute l’Afrique négro-africaine. Or c’est surtout ici que trouve sens cette importante remarque de Henri – Irénée Marrou Je continue à penser qu’une fonction essentielle de l’histoire est la récupération des valeurs du passé au profit de la culture vivante aujourd’hui »32 . 15 Utilisation des métaux en Afrique La métallurgie du fer en Afrique est non seulement autochtone mais semble être la plus ancienne du monde ; elle est attestée à une époque où ce métal était encore inconnu en Europe Occidentale. La datation du fer dans le massif de Termit entre le lac Tchad et le massif de l’Air donne 1500 ans avant l’ère chrétienne. Celle de Egaro au Niger ouest de Termit donne 2500 avant l’ère chrétienne 33. Ceci n’est pas enseigné dans les manuels. 16 L’invention de la monnaie La fonction de l’unité de compte à Kemet est attestée dans les documents comptables qui nous sont parvenus. Les unités utilisées sont des contreparties comptables établissant des valeurs entre les biens 34. Dès l’Ancien Empire Egyptien, les Africains anciens ont élaboré le premier étalon monétaire de l’histoire humaine, à savoir le Shâty ». Or les auteurs nient l’existence en Egypte de la monnaie en la réduisant à des échanges basés sur le troc 35. 17 Les sciences et la philosophie Les auteurs passent pratiquement sous silence les réalisations scientifiques et philosophiques des africains de la vallée du Nil 36. Pourtant les plus anciens documents écrits, découverts jusqu’à nos jours, relatifs aux sciences, à la philosophie, à la théologie, à la religion, proviennent, pour la plupart, de la vallée du Nil 37. Dans le papyrus de Moscou qui date de la XI ème dynastie, les africains y ont établi 2000 ans avant l’ère chrétienne, la formule rigoureuse de la surface d'une demi-sphère et ont calculé le volume de la pyramide tronquée, la longueur de la circonférence du cylindre et la surface du rectangle. Le papyrus de Rhind est un traité mathématique de Ahmose Ahmes qui est lui–même une duplication de résultats encore plus anciens remontant au Moyen - Empire vers -2000. Il contient 87 problèmes résolus d'arithmétique, d'algèbre, de géométrie et d'arpentage. Au niveau philosophique, les auteurs font également l’impasse sur l’existence des systèmes de pensée et de la philosophie dans l’Egypte antique. Or de nombreuses études sont disponibles ; Il s’agit notamment des travaux de Cheikh Anta Diop38, Mubabinge Bilolo39 , Théophile Obenga40,41 et Grégoire Biyogo42 La philosophie a commencé à Thèbe au 3ème millénaire avant notre ère, avec la philosophie des mystères. Alors que le commencement de la philosophie grecque est daté des premiers penseurs de l’Asie mineure, notamment au VII è siècle avant notre ère 43. Les écoles thébaine, memphite, héliopolitainne, Amarnienne et Saite sont toutes des écoles philosophiques avec l’identification des leurs concepts et de leurs grands prêtes. 18 Le rayonnement intellectuel de l’Egypte. Dès la haute antiquité, la civilisation égyptienne impliquait pour les grecs une grande avance intellectuelle, littéraire, artistique », du pays de la vallée du Nil. Planton rapporte un imaginaire collectif » devenu une tradition acceptée, à savoir que c’est le dieu égyptien Djehouty Thot qui inventa les arts, les sciences, la géométrie, l’astronomie, les lois, l’écriture. Des générations de futurs savants grecs ont été dans la vallée du Nil pour apprendre et recevoir une éducation auprès des prêtes et savants de l’Egypte antique. 26 Une équipe d’enseignants africains, Histoire géographie, 6 e. Paris, CEDA, Groupe Hatier international, 2001, page 62 27 Bernadette Menu, Egypte pharaonique, nouvelle recherche sur l’histoire juridique, économique et sociale de l’ancienne Egypte, l’Harmattan, 2013, page 17. 28 Ibidem, page 20. 29 Extrait du papyrus Brenner Rhind. …Ainsi parla le Seigneur de l’univers…Je fis ce que je fis en étant seul, avant qu’aucun autre être que moi ne vint à exister » 30 D’après Jacques Pirenne dans âme et vie d’outre – tombe chez les égyptiens de l’ancien Empire ». Cité par Obenga. Obenga Théophile, Cheikh Anta Diop, Volney et le sphinx ; Contribution de Cheikh Anta Diop à l'historiographie mondiale, Paris, Khepera, Présence Africaine, 1996. Page 245. 31 Théophile Obenga, la philosophie africaine de la période pharaonique 2780 – 330 avant l’ère chrétienne, Paris, l’harmattan, 1990, page 169-185. 32 Henri-Irénée Marrou, de la connaissance historique, Paris, Edition du Seuil, 1954, page 303. 33 G. Quéchon et al, journal des africanistes, 62,2 1992, pp55-68 34 Un attendu de jugement datant d’environ 2600 ans avant l’ère chrétienne atteste de l’existence d’un étalon monétaire dès l’Ancien Empire. 35 Une équipe d’enseignants africains, Histoire géographie, 6 e. Paris, CEDA, Groupe Hatier international, 2001, page. 54. 36 En effet on lit dans la leçon 39, intitulée l’art et la pensée dans la Grèce antique d’importantes découvertes ont été faites par les Grecs comme Pythagore et Archimède, qui posèrent les fondements de la géométrie et des Sciences physiques…». Une équipe d’enseignants africains, Histoire géographie, 6 e. Paris, CEDA, Groupe Hatier international, 2001 37 Mubabinge Bilolo, Les cosmo-théologies philosophiques de l’Egypte antique ; problématiques-prémisses herméneutiques et problèmes majeurs, PUA/Editions Menaibuc, Paris, 1986, Préface, page V. 38 Diop, Cheick Anta, Civilisation ou barbarie ; anthropologie sans complaisance, Paris, Présence Africaine, 1981. 39 Mubabinge Bilolo, Les cosmo-théologies philosophiques de l’Egypte antique ; problématiques-prémisses herméneutiques et problèmes majeurs, PUA/Editions Menaibuc, Paris, 1986. 40 Théophile Obenga, La philosophie africaine de la période pharaonique -2780-330 avant notre ère », l’harmattan, 1990, Paris. 41 Théophile Obenga, l’Egypte, la Grèce et l’Ecole d’Alexandrie; histoire interculturelle dans l’antiquité ; aux sources égyptiennes de la philosophie grecque, Paris, Khepera/L’Harmattan, 2005. 42 Grégoire Biyogo, histoire de la philosophie africaine, Livre 1, le berceau égyptien de la philosophie, Paris, L’Harmattan, 2006. 43 Ibidem, p. 81. 3 – LE PRINCIPE DE BASE DE LA PENSÉE DES AUTEURS La critique historique des manuels nous permet maintenant de dégager clairement les principes de base sur lesquels repose le discours » des auteurs. 31 - La négation du paradigme civilisationnel » africain Dans les années 1940, Cheikh Anta Diop crée et définit le concept de paradigme civilisationnel africain » ; Les nouvelles humanités africaines devront reposer sur les fondements de la culture égypto-nubienne, de même que les humanités occidentales s’appuient sur la culture gréco-romaine antique. Sans référence systématique à l’Egypte dans tous les domaines de la culture, il ne sera pas possible de bâtir un corps de sciences humaines le spécialiste africain qui veut faire œuvre scientifique n’a pas le choix, il ne peut pas se contenter de flirter avec les faits culturels égyptiens »44 . Or l’analyse des manuels d’histoire examinés dans cette étude montre que les auteurs ne prennent pas à leur compte l’héritage des humanités classiques africaines. Tout au contraire, les auteurs s’emploient à couper l’Egypte ancienne du reste du monde africain pour la rattacher à l’Orient. 32 - Le temps historique et l’unité culturelle niés à l’Afrique. L’histoire africaine qui se donne à voir dans ces manuels nie l’unité historique et culturelle du continent. Et pourtant les travaux de Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga ont définitivement réglé la question. En effet, L’œuvre de Cheikh Anta Diop a introduit le temps historique et l’unité culturelle dans les études africaines, sortant l’Afrique du carcan anhistorique et ethnographique dans lequel les historiens africanistes traditionnels l’avaient enfermée »45 . En 1993, Théophile Obenga, dans un livre fondateur de la linguistique historique africaine 46, établit l’unité culturelle Negro –Africaine sur la base de la linguistique historique. L’aspiration de tous les états africains et des africains du continent et de la diaspora est de construire une fédération politique panafricaine. Mais comment construire un avenir commun, si l’enseignement de l’histoire dissimule et minorise le destin commun qui lie tous les africains depuis la naissance de l’humanité ? 33 - La question de la périodisation de l’histoire Les auteurs appliquent le concept de Moyen Age à l’Afrique 47. Or tous les historiens africains s’accordent à dire que la période du Moyen - Age en Europe correspond en Afrique à la période de l’âge d’or impérial. En ce qui concerne la période correspondante à l’antiquité européenne, les auteurs reprennent pour leur compte l’opinion de l’historien français Raymond Mauny qui parle pour la période en Afrique de siècles obscurs au prétexte que l’on connaît imparfaitement l’histoire du continent de cette époque 48. C’est l’expression Afrique ancienne qui est couramment retenue pour désigner cette période correspondant à l’antiquité en Europe. 34 - Les postulats philosophiques et anthropologiques La théorie philosophique de Hegel qui exclut l’Afrique de l’histoire 49 et la théorie anthropologique de Gobineau 50 qui classe la race nègre » au bas de la hiérarchie des races humaines vont impliquer pour l’occident savant que l'Afrique ne peut pas constituer "un champ historique intelligible " 51 Manifestement ces théories constituent le fondement de la pensée des auteurs des manuels. Car en définitif pour ces manuels l’Afrique n’a apporté aucune contribution à la civilisation. CONCLUSION L’examen rigoureux des textes et illustrations des manuels d’histoire des classes de la sixième à la troisième édités par la maison française Hatier montre que ; 1 L’histoire est écrite sous le contrôle de l’ancienne puissance coloniale ; la France. 2 La préhistoire et l’histoire ancienne continuent d’être enseignées de façon erronée. La non - prise en compte d’importantes découvertes et connaissances fondamentales nie à l’Afrique la place qui lui revient dans la formation de l’humanité et le rôle qu’elle a joué dans l’élaboration de la civilisation. Or la falsification historique ne favorise pas la conscience historique. Elle est génératrice de complexe d’infériorité pour les africains et de supériorité pour les occidentaux. Elle compromet l’avenir de notre société. Au-delà de la discipline histoire », ce qui est en cause ici même c’est la mise sous tutelle étrangère du système éducatif ivoirien dans son ensemble. Les africains qui sont conscients des intérêts en jeux devraient s’organiser collectivement pour protéger l’héritage culturel africain. Il y va de l’avènement de la renaissance africaine. Traoré Adama 44 Cheick Anta Diop, Antiquité Africaine par l’image, Paris, Présence Africaine, 1967. Page 12. 45 Théophile Obenga, Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx ; contribution de Cheikh Anta Diop à l’historiographie mondiale, Paris, Présence Africaine/Khepera, 1996, 46 Théophile Obenga, Origine commune de l’Egyptien ancien du copte et des langues Negro – Africaines modernes; introduction à la linguistique historique africaine, Paris, l’Harmattan, 1993. 47 Voir par exemple la table des matières du manuel de cinquième. 48 Pour ces auteurs, la période des siècles obscurs couvre la préhistoire et la première partie de l’histoire de 3500 av J-C à 600 après J-C. 49 Georg Wilhelm Friedrich Hegel 1770-1831."L'Afrique est un monde anhistorique non développé, entièrement prisonnier de l'esprit naturel et dont la place se trouve encore au seuil de l'histoire de l'universel ». 50 Comte de Gobineau 1816-1882. C’est là ce que nous apprend l’histoire. Elle nous montre que toute civilisation découle de la race blanche, qu’aucune ne peut exister sans le concours de cette race.» 51 La race » noire est la plus humble et gît au bas de l’échelle. Le caractère d’animalité empreint dans la forme de son bassin lui impose sa destinée, dès l’instant de la conception» dans Essai sur l’inégalité des races humaines », 1855 52 Comme le soutenait l'historien britannique Arnold Toynbee À l’époque, son livre Nations nègres et culture paru en 1954 augure une révolution intellectuelle pour la pensée africaine. Mais le natif de Diourbel au Sénégal doit affronter, ce samedi 9 janvier 1960, la défiance de la communauté scientifique occidentale qui ne valide pas ses travaux. La salle Louis Liard de la Sorbonne, au coeur du Quartier Latin à Paris, est anormalement bruyante en ce samedi hivernal du début des années 1960. Pour cause, le fameux amphithéâtre dédié à la soutenance de thèse accueille Cheikh Anta Diop. De jeunes Africains se sont réunis par centaines pour supporter l’intellectuel sénégalais. L’ex-secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain1 jouit d’une grande notoriété dans les milieux intellectuels et militants. Ce 9 janvier, il présente une “Étude comparée des systèmes politiques et sociaux de l’Europe et de l’Afrique, de l’Antiquité à la formation des États modernes”. L’occasion historique de réparer une injustice. En 1953 en effet, Cheikh Anta Diop avait échoué à réunir un jury pour présenter un sujet de thèse intitulé “Qu’étaient les Égyptiens prédynastiques ?”. Il reprendra toutefois ses idées dans Nations nègres et culture, édité l’année suivante par Présence Africaine. Il y développe l’idée selon laquelle les populations d’Afrique noire ont une unité culturelle qui provient de l’Égypte antique. Il affirme que les Égyptiens se définissaient comme un peuple à la peau noire. Diop s’appuie notamment sur les savants de la Grèce antique tels que Hérodote ou Pythagore qui ont suivi une partie de leur instruction en Égypte. En pleine période de lutte contre l’oppression coloniale, ce livre fait l’effet d’une bombe. Il devient rapidement une œuvre de référence et reçoit les éloges de l’intellectuel martiniquais Aimé Césaire dans son célèbre Discours sur le colonialisme, où il qualifie Nations nègre et culture de “livre le plus audacieux qu’un nègre ait jusqu’ici écrit et qui comptera à n’en pas douter, dans le réveil de l’Afrique.” Cheikh Anta Diop participe en 1956 au premier Congrès des écrivains et artistes noirs à la Sorbonne aux côtés de Frantz Fanon, Richard Wright ou encore Amadou Hampaté Ba. Ce 9 janvier 1960 est donc un jour très attendu puisqu’il s’agit pour Diop de valider son travail auprès de la communauté scientifique. Ses travaux étant pluridisciplinaires, le jury le sera tout autant. Sont donc présents le préhistorien André Leroi-Gourhaud, le sociologue Roger Bastide, l’ethnologue Hubert Deschamps et l’africaniste Georges Balandier. André Aymard, doyen de la faculté des Lettres, spécialiste de l’antiquité grecque préside le jury. Les débats sont hostiles, Diop se défend avec hargne. La soutenance dure entre 6 et 7 heures, une éternité. La délibération arrive enfin la thèse est validée avec la mention honorable. Malgré tout, elle est insuffisante pour permettre à l’intellectuel sénégalais de devenir Professeur dans l’Université française. Cheikh Anta Diop annonce qu’il retourne au Sénégal. L’indépendance du pays sera effective en août de la même année. Mais là encore, le président et intellectuel Léopold Sédar Senghor s’appuiera sur la décision du jury pour lui interdire d’enseigner à l’Université de Dakar. Les deux hommes s’apprécient peu, Diop est l’un des plus farouches opposants à Senghor et sa politique francophile. Ironie de l’histoire, l’Université de Dakar a été rebaptisée Université Cheikh Anta Diop en 1987… -Source africultures Samba Doucouré Journaliste de formation et pratiquant depuis 1996... Libre penseur. Le livre Nation nègres et cultures », est le fruit de recherches phénoménales, menées par Cheikh Anta Diop, afin de restaurer l’histoire de l’Afrique noire longtemps occultée. À cette époque, le racisme scientifique, porté par d’éminentes figures, était enraciné dans la société occidentale, et avait attribué au blanc l’être cartésien par excellence, la paternité de toutes les civilisations, et défini le noir, comme un être primitif, émotif, incapable de la moindre logique. Les Égyptiens de l’antiquité étaient noirs C’est dans ce torrent de certitudes racistes, que Cheikh Anta Diop, jeune homme de 27 ans, va prendre l’idéologie dominante à contre-pied, en affirmant que les Égyptiens de l’antiquité, précurseurs de la civilisation et des sciences étaient des noirs. Il ne fait pas que l’affirmer, il le prouve. Cette thèse fit l’effet d’un séisme, et comme elle dérangeait, il fallait le faire taire. On ne peut cacher le soleil avec la main dit le proverbe africain. Même si l’université de la Sorbonne rejette sa thèse en 1951, Présence africaine éditera le livre en 1954. Nonobstant les preuves qui ne manquent pas dans son livre, des scientifiques pétris de préjugés essaieront par tous les moyens, de jeter le discrédit sur son travail. Jugées trop révolutionnaires, certains intellectuels africains avaient du mal à adhérer aux idées véhiculées dans le livre. Aimé Césaire fut l’un des rares à le soutenir. Dans discours sur le colonialisme », il qualifiera le livre de Cheikh Anta Diop de livre le plus audacieux qu’un nègre n’ait jamais écrit » Il a fallu attendre le colloque de l’Unesco en 1974, pour que la plus grande partie de ses thèses soient finalement reconnues dans sa façon d’écrire, sa culture et sa façon de penser, l’Egypte était africaine » telles furent les conclusions de ce sommet. Les preuves de la négritude de l’Egypte antique 1Statue en grès du pharaon Montouhotep II environ 2055-2004 avant JC, provenant de Deir elBahari, situé sur la rive gauche du Nil face à Louxor. Elle est exposée au Musée national égyptien au Caire. AFP – Luisa Ricciarini/Leemage Le combat fut de longue haleine, et pourtant, bien avant lui, la paternité de la civilisation Égyptienne avait été attribué à la race noire. Dans les témoignages de savants grecs comme Hérodote, Aristote, qui étaient des témoins oculaires, la peau noire et les cheveux crépus des Égyptiens étaient mentionnés. Aristote disait d’eux qu’ils étaient agan malane » pour décrire leur peau ce qui signifiait excessivement noir. Au 18e s, le comte de Volney, historien français, devant les évidences accablantes, tira les mêmes conclusions Les Coptes sont donc proprement les représentants des Egyptiens et il est un fait singulier qui rend cette acception encore plus probable. En considérant le visage de beaucoup d’individus de cette race, je lui ai trouvé un caractère particulier qui a fixé mon attention tous ont un ton de peau jaunâtre et fumeux, qui n’est ni grec, ni arabe ; tous ont le visage bouffi, l’œil gonflé, le nez écrasé, la lèvre grosse ; en un mot, une vraie figure de Mulâtre. J’étais tenté de l’attribuer au climat, lorsqu’ayant visité le Sphinx, son aspect me donna le mot de l’énigme. En voyant cette tête caractérisée de nègre dans tous ses traits, je me rappelais ce passage remarquable d’Hérodote, où il dit Pour moi, j’estime que les Colches sont une colonie des Egyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus », c’est à dire que les anciens Egyptiens étaient de vrais nègres de l’espèce de tous les naturels de l’Afrique.» Une des autres preuves irréfutables du caractère nègre des anciens Égyptiens, étaient la couleur de leurs dieux. Osiris et Thot pour ne citer qu’eux étaient noirs. Les représentations foncées des pharaons et les coiffures qu’ils arboraient, étayent aussi la négritude de l’Égypte antique. voir les représentations de MENTOUHOTEP 1er et NÉFERTARI L’analogie va au-delà des traits physiques et capillaires. Des valeurs propres à l’Égypte antique, comme le totémisme sont encore présentes en Afrique noire. Une étude comparée linguistique, souligne des similitudes entre l’Égyptien et les langues africaines comme le Valaf et le Serereliste non exhaustive. Au vue de ces arguments, la conclusion est sans appel L’invention de l’écriture, des sciences nous la devons à des noirs. La culture grecque qui a inspiré la culture romaine, tire ses sources de l’Afrique nègre. Pythagore est resté en Egypte pendant 22 ans, de 558 à 536 av. J-C. Platon y est resté de 399 à 387 av. C’est par conséquent là-bas, aux pieds des prêtres Égyptiens, qu’ils ont puisé le savoir qui a fait leur gloire. L’Egypte pharaonique qui a été leur institutrice pendant si longtemps fait partie du patrimoine du Monde Noir. Elle est elle-même fille de l’Ethiopie. Et dans sa façon d’écrire, sa culture et sa façon de penser, l’Egypte était africaine ». Donner à l’homme noir la place qui lui revient dans l’histoire de l’humanité Le fait que ce pan de l’histoire de l’humanité, ait été balayé du revers de la main, était lié au besoin de justifier la colonisation. On invente alors le nègre barbare, à qui on apporte la culture. Cette propagande avait du mal à accepter, que la société africaine était structurée, et avancée, avant l’arrivée des colons. Que l’émancipation des femmes n’était pas un problème. La société africaine étant matriarcale, les femmes occupaient des postes de responsabilité, bien avant que ce fut le cas en Europe. Le but de Cheikh Anta Diop en restituant cette vérité, était de redonner au continent oublié ses lettres de noblesse. Il ne s’agissait pas d’éveiller des relents sous-jacents de complexe de supériorité, pouvant déboucher sur des formes nazisme. […] la civilisation dont il [le Nègre] se réclame eût pu être créée par n’importe quelle autre race humaine – pour autant que l’on puisse parler d’une race – qui eût été placée dans un berceau aussi favorable, aussi unique” [Cheikh Anta Diop, Nations nègres et Culture]. Loin d’être un raciste comme voulait le décrire ses détracteurs, Cheikh Anta Diop était un grand humaniste, qui a été reconnu comme tel. Son travail a consisté à combattre le racisme scientifique, et à prouver que l’intelligence n’est nullement liée à la couleur de peau. Il a remis en cause la conception de la race dominante, ce qu’on peut considérer comme un apport non négligeable à l’histoire de l’humanité. L’héritage de Cheikh Anta Diop Des années plus tard, comment contribuons-nous à la propagation de l’héritage colossal de Cheikh Anta Diop ? Il prônait une Afrique unie, rassemblée, après s’être forgée une identité forte qui servirait de fondation solide. Où en sommes-nous avec le panafricanisme ?Avec l’adaptation de nos langues aux réalités et aux sciences comme il en a fait l’expérience avec le Valaf dans le livre ? Avec la décolonisation des mentalités ? Force est de constater que ces sujets restent d’actualité. La tâche qui nous incombe aujourd’hui, est de contribuer TOUS à l’émergence de notre continent qui sera d’abord culturelle. Dans le domaine scolaire, nous devons implémenter des manuels adapter à nos réalités. Adaptons nos langues aux réalités modernes. Il ne s’agit pas de bannir les langues coloniales acquises, mais revaloriser les nôtres et les adapter aux sciences modernes. C’est les pieds solidement ancrés dans ses racines, libre de toute aliénation, détachée du joug du colonial, et de l’aliénation du colonisé, que l’Afrique connaîtra sa vraie valeur, et qu’elle pourra prendre sa place sur l’échiquier mondial. Cette refondation qui ne doit pas se faire dans une démarche belliqueuse, engendrera des africains fiers de leurs origines, qui prendront leur destinée en main. Une contribution de Gisèle Doh, fondatrice de l’Association les racines du baobab créatrice du blog "UNFITTED BY ages of tropical life for any effective instrusion the White Race, the negro and negroid people remained without any influence on the development of civilization." Those words in 1926 by James Henry Breasted, dean of American Egyptologists, echoed the dominant sentiment of the time that black Africa had no share in the creation of any of the first civilizations of man. This message was so powerful and so tenacious that as recently as May 31, Dr. Edward Bleiberg, assistant director of the Institute of Egyptian Art and Archeaology at Memphis State University, stated categorically in the Memphis Commercial Appeal that "Egyptians were considered Caucasians." This, then, is the crux of a controversy that has flared up repeatedly throughout the 155-year existence of Egyptology. The argument continues today, but in the face of ever-increasing evidence that civilization - like the human race itself - began in Africa, it is clearly doomed. The controversy was opened in 1791 by France's Count Volney, scholar, world-traveler, confidant of Benjamin Franklin and an aristocrat of pronounced republican sympathies. In Egypt, he had seen age-old monuments and temples lying half-buried in the sand and had pondered the meaning of civilization, its rise and its fall - reflections that he gave free reign in his "Ruins of Empires." . How is it, he mused, that "a people, now forgotten, discovered, while others were yet barbarians, the elements of the arts and the sciences. A race of men now rejected from society for their sable skin and frizzled hair, founded on the study of the laws of nature, those civil and religious systems which still govern the universe." On this point the count had not the slightest doubt the Greeks had unanimously proclaimed Egypt's Africa origins and the stony evidence of the sphinx - whose features were clearly etched in the African mold - confirmed it. Was it not one of the crueler ironies of history that the very people who had given the world civilization were now a race of slaves and outcasts? In 1799, Napoleon's engineers on his Egyptian campaign discovered the Rosetta Stone. Immediately, it caused a sensation in the learned circles of Europe, for on it were inscriptions in three languages Egyptian hieroglyphics, Demotic a cursive from of hieroglyphics and Greek. It was evident the three panels represented the same inscription in three languages, so it was possible to proceed with a decipherment of the hieroglyphs and the Demotic by reference to the Greek. In 1822, the genius of Jean-Francois Champollion finally solved the decipherment riddle. With this, the age of Egyptology proper began. A door to the past was opened that many had thought permanently closed. Astonishment and Vexation Averitable explosion of interest in things Egyptian occurred. Champollion and others in France, Germany, and England began translating important Egyptian documents. English and German expeditions mounted large-scale digs and collections of Egyptian artifacts, which soon filled musemums and private collections all over Europe. Unfolding before the eyes of an astounded world was a material splendor quite beyond the most admiring descriptions of the ancient Greeks. The re-opening of this door to the past, however, contained some disquieting implications. The newly-translated inscriptions and documents revealed an intellectucal culture that had attained a startlingly advanced level of development. The prototypes of mathematics, medicine, astronomy, metallurgy, philosophy, religion and the arts were, by degrees, coming to light among the vast ruins of this intriguing civilization. For a people accustomed to believing for 15 centuries that all learning, all science, and all art had begun with the Greeks, the evidence of Egypt required a radical restructuring of thinking. This posed vexing problems indeed. The profound success of modern Europe was built upon the system of colonization and African slavery, and Europe, led by her learned men, had persuaded herself not only that the enslavement of Africans was an historical necessity but that it would benefit Africans themselves by passing to them the light of civilization. Volney's ideas were suddenly downright subversive. Cherished Greece, not the father but the child? Not the master but the pupil? Of an African race? It just wouldn't do. As the 19th century wore on, much of the philology of ancient Egyptian shifted to Germany, whose scholars applied their meticulous methods of research to the study of ancient Egyptian language. Finding many similarities in words and syntax between Egyptian and the Semitic languages, the Germans unhesitatingly proclaimed Egyptian to belong to this group. As a result, their leading Egyptologists - Eber, Erman and Brugsch - concluded that the impetus for Egyptian civilization itself came from a western Asiatic or Semitic source. Like others, they saw in the human figures on the Egyptian monuments - many colored a reddish-brown - evidence of a non-African "Mediterranean race." Anthropologically speaking, no such race ever existed, but that did not trouble them overmuch and the term has remained in vogue to this day. By the early 20th century, paleoanatomists had examined many ancient Egyptian skeletons and, using their own craniometric criteria for racial classification, had proceeded to categorize the Egyptian skull samples. Thompson and MacIver classified 24 percent of pre-dynastic skulls and 25 percent of dynastic skulls in their sample as Negroid. The eminent Arthur Keith challenged their parameters because using them to classify a modern English sample of skulls would place fully 30 percent in the Negroid category! Nothing daunted, Faulkenburger, using his own parameters, classified pre-dynastic skulls as 36 percent Negroid, 33 percent Mediterranean, 11 percent Cro-Magnoids and 20 percent "mixed." After Count Volney, there continued to be a few dissenting voices "crying in the wilderness" of learned opinion, and now and then even one of the recognized members of the Egyptological confraternity swam against the tide. The most conspicuous was the prolific Budge. Unusual for an Egyptologist, he had conducted extensive research among the peoples of the Sudan and Ethiopia - encountering cultural practices, religious ideas and languages which showed clear and identifiable linkages to ancient Egypt. It became clear to Budge that everything about ancient Egypt could be understood only by reference to Africa; there was nothing fundamentally Asiatic about Egyptian culture. In 1920, in his massive and erudite "Egyptian Hieroglyphic Dictionary," Budge, reversing a 100-year trend and his own earlier opinion, classified Egyptian as an African rather than a Semitic language. The true reversal of the tide, however, came from outside the circles of European scholarship. From the 20th century's second decade on, a few obscure black scholars in America began to challenge the de-Africanizing impulse in Egyptian historiography. Among these were the journalist J. A. Rogers, William Leo Hansberry, Willis N. Huggins, John G. Jackson and no less than DuBois. But the man who did more than any other to restore Egypt to her place in African history was from the other side of the Atlantic. Out of the South The late Cheikh Anta Diop was a Senegalese scholar who first went to Paris in 1946 to become a physicist. He remained there 15 years, studying physics under Frederick Joliot-Curie, Madame Curie's son-in-law and ultimately translating parts of Einstein's Theory of Relativity into his native Wolof. Diop also mastered studies of African history, Egyptology, linguistics, anthropology, economics and sociology as he armed himself for the task of setting the historical record straight. He developed an investigative method that was comparative, eclectic and Afro-centric. Ultimately his arguments in favor of an African or "Negro" origin of Egyptian civilization won widespread international support by virtue of his erudition and brilliance and the logical force of his ideas, and with him appears a whole new school of African historiography. The following elucidation of evidence owes much to the work of Cheikh Anta Diop, who died last year. The first line of evidence in favor of an African origin of Egyptian civilization comes from the Egyptians themselves. They called their land "Kamit," "the Black Land," and their own name for themselves was "Kamiu," which translates literally as "the Blacks." Their word for the African lands to the south of them was "Khenti" - "Khentiu" denoting the Sudanic peoples who lived there - and this is also their word for "first, foremost, beginning, origin, chief." Furthermore, the Egyptian word for "east" is the same as their word for "left" and their word for "west" the same as their word for "right." This makes sense only if the Egyptians oriented themselves southward and looked in that direction for the land of their origins. No people coming from north of Egypt would have oriented themselves in this way - particularly since Egypt's location in the northern hemisphere lends itself more naturally to a northward orientation. Further evidence is found in the Egyptians' anthropomorphic representations of the passage of the sun across the heavens, in which the boat of the sun begins its morning or eastern ascent on the left side of the sky-goddess Nut - who thus is in a southern heaven despite Egypt's northern hemispheric location. Moreover, whenever Egyptian inscriptions refer to Egyptian origins, the land of Punt - present-day Somalia and northern Kenya - is pointed to as the ancestral homeland. One word for inner Africa, "yau," is the same as their word for "old," making inner Africa "the old country" of immigration. Inner Africa also was Ta-Neter, "the Land of the Gods." Everything about the interior of Africa evoked in the Egyptians a sense of awe, reverence and nostalgia. Additional evidence of Egypt's origins comes from the geneaology of Noah in Genesis. Noah's three sons are Ham, Shem and Japeth, the ancestors of the three main branches of humankind known to the biblical writers. Ham is indubitably the ancestor of the black race; his name comes from the Egyptian "kam" meaning "black." His sons are Misraim Egypt, Cush Ethiopia, Canaan Palestine and Phut Punt or East Africa. Though allegorical on one level, the Old Testament writers were accurately reflecting known ethnic relationships of antiquity by placing the Egyptians in the black or African branch of humanity. Finally, unequivocal statements on the subject come from the Greek writers of antiquity. Herodotus - an eyewitness - makes the most definitive statement when he compares the Egyptians, by virtue of their black skin and woolly hair, to the Colchians and Ethiopians. There are nearly a dozen other surviving references in Greek literature to the race and color of the Egyptians, from writers as diverse as Aeschylus, Aristotle and Strabo, and they unanimously confirm the remarks of Herodotus. The fact that the Egyptians were black and African was so completely self-evident to the ancient Greeks that it was a commonplace seldom worthy of special notice. Cheikh Anta Diop was the first to challenge the older description of ancient Egyptians as a "dark red" or "Mediterranean" race. As Diop pointed out, many peoples throughout Africa have a reddish-brown complexion - including the modern-day Masai of Kenya. Diop was also the first to propose a systematic study of the melanin content of Egyptian mummy skin. His own investigations had shown that mummies contained concentrations of that dark pigment entirely comparable to that of sub-Saharan Africans. As for Falkenburger's craniometric studies, Diop demonstrated that many skulls from sub-Saharan Africa meet the "Mediterranean" criteria of Falkenburger's schema - in effect invalidating the whole premise. The last issue that Diop disposed of, in collaboration with his Congolese linguist colleague, Theophile Obenga, was that of language. At a landmark symposium in Cairo in 1973, Diop and Obenga showed beyond all doubt what Budge had affirmed nearly 50 years earlier that Egyptian was fundamentally an African language. The Semitic elements in the language come from late borrowings and, as the noted linguist Joseph Greenberg has attested, from the Semitic languages' own origins in the northeast African group. The Cairo symposium marked the beginning of the end for scholarship that sought to deny Egypt's African origin. An African Renaissance The Diopian thesis broke like a tidal wave upon the bulwarks of conventional Egyptology. It occasioned two kinds of responses 1 absolute silence or 2 shrill rebuttal, and this pattern continues to the present. But in 1980 Bruce Williams, of the University of Chicago's Oriental Institute, discovered artifacts - originally recovered in 1962 prior to the opening of the Aswan Dam - from a pharoaonic kingship in Nubia northeast Africa 300 years before the first Egyptian dynasty. With that discovery, the Afrophobic Egyptology born of the 19th century has become a scholarship in retreat. For Diop and those who have followed him, the study of Egypt's place in African history is fundamental to the African renaissance he envisaged, much the way the rediscovery of the values of Greek civilization gave impetus to the European Renaissance of four centuries ago. It demands a wholesale reassessment of African and world history. Already the imaginative scholarship of Ivan Van Sertima of Rutgers University has brought forth important evidence of an Egyptian presence in pre-Columbian America in 800 and perhaps even earlier. Heretofore unsuspected connections between ancient Africa and other civilizations are emerging. Our vision of the past, which informs our present and guides our future, is undergoing, as it must, a radical revision.. The consequences of this can be expected to have a profound impact on succeeding generations The Committee on Africa and the Diaspora of St. Augustine Church in Washington assisted in the development of this article. Cheikh Anta Diop Cheikh Anta Diop was a great Senegalese historian, anthropologist, philosopher, physicist and politician. He should be considered as one of the greatest scientists after Darwin, as he demonstrated that Africa was the cradle of humanity; that everything started in Africa, and that Egypt and modern day Africans descended from the same ancestors, in other words, were the same people. Before Cheikh Anta Diop, the world, and Africans in particular, had been taught that Africa was nothing, and that Egypt and Egyptians were not Africans… that the great Egyptian civilization which gave so much to the world, could not have come from the dark brown Africans. Europeans refused to admit that although in Africa, Egyptians could be Africans Black, or rather believed that Blacks were so backwards that their ancestors could not have possibly made the great pyramids of Giza or the great sphinx. Well Cheikh Anta Diop proved them all wrong! Cheikh Anta Diop in the laboratory As a physicist, I was amazed to learn that Cheikh Anta Diop was a PhD student of Frédéric Joliot-Curie, the 1935 physics nobel laureate, and Marie Curies son-in-law first woman to receive a Nobel in Physics, and first to have two nobel prizes. So Diop’s pedigree, in physics terms, was quite impressive! Moreover, he had earned two PhDs one in history and the other in nuclear physics. He was also the only African student of his generation to have received a training in egyptology. He was well-versed in prehistoric archaeology, and linguistics. It took him almost a decade to have his doctorate degree granted he submitted a thesis in 1951 which was based on the premise that the Egypt of the great pharaohs and pyramids was an African civilization– it was rejected. He then published it in 1955, as Nations Nègres et Culture, and received world-wide acclaim. Two additional attempts at submitting it were rejected, until 1960 when he finally managed to convince a room full of physicists, sociologists, anthropologists, egyptologists, and historians. Having gone through the hurdle of submitting and defending a doctoral dissertation, I truly raise my hat to someone like Diop who had so much stamina and endurance, and could endure a decade of rejection like that; he was truly destined for greatness! 'Nations Negres et Culture' de Cheikh Anta Diop In 1974, Diop managed to prove beyond a shadow of a doubt, that Egyptians were Black people. He obtained pigment from Egyptian mummies and tested for their melanin content. He was able to determine their melanin content accurately, and later published his technique and methodology for the melanin dosage test in scholarly journals. This technique is used today by Forensic investigators around the world, to determine the “racial identity” of badly burnt accident victims. He was affectionately known as the Pharaoh of knowledge, and the Université Cheikh Anta Diop UCAD of Dakar was re-named after him. Check out a website dedicated to this great man, Wikipedia, Cheikh Anta Diop The Pharaoh of Knowledge, and Don’t forget to read his books Nations Nègres et Cultures de l’Antiquité Nègre Egyptienne aux Problèmes Culturels de l’Afrique Noire d’Aujourd’hui, The African Origin of Civilization Myth or Reality, Precolonial Black Africa, Civilization or Barbarism An Authentic Anthropology [Civilisation ou Barbarie Anthropology sans Complaisance], and many others. 'The African Origin of Civilization' by Cheikh Anta Diop Please watch one of the greatest African thinkers of the 20th century, and above all one of Africa’s greatest sons … and renowned physicist. I salute this great soul who made us proud of being Africans, who re-define history or rather wrote History the way it should have been, with Africa in its right place, as the origin of civilization. If there was an African Pantheon for great minds, Cheikh Anta Diop’s remains should be in it! Post navigation

cheikh anta diop volney et le sphinx